incarcéré à la Santé. Ceux que j’ai connus, moi, s’appelaient Callemin, Garnier, Bonnot, mais ils n’étaient pas en bande quand je les voyais. Des centaines les connaissaient comme moi ; c’étaient, à cette époque, de simples mortels qui fréquentaient les milieux anarchistes où l’on me trouvait parfois. Ils étaient comme tous les autres. On ne pouvait rien lire sur leur front…
… Et que trafiquiez-vous dans les milieux anarchistes ?
— Nous reconstruisions la société, pardi !
Je l’ai dit et écrit : il y a quinze ans, je croyais à l’anarchie, c’était ma religion. Entre anarchistes, on s’entr’aidait. L’un était-il traqué ? Il avait droit à l’asile de notre maison, à l’argent de notre bourse.
… Alors, vous avez caché Bonnot ?
— Moi ? j’ai caché Bonnot ?
… Je vous demande.
— Mais non ! Je veux dire qu’en serrant la main à Callemin, à Garnier ou à Bonnot,