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LA CHINE EN FOLIE

Jean-Pierre revenait d’une terre méchante de l’Amérique du Sud.

Le voyageur de grand chemin prend rapidement l’habitude de circuler tout à son aise parmi des millions d’individus qui lui resteront parfaitement inconnus. Il va parmi ces foules, sans plus s’occuper d’elles que le poisson de l’immensité de la mer. Quel étonnement, en revoyant sa Patrie, d’entendre les passants parler tous votre langue ! Ce sont vos frères, vos sœurs. On se promène en famille ! Mais l’horizon se rétrécit bientôt. On dirait que les frontières bornent votre vue. Votre jugement, si libre sur les routes du monde, revêt comme un uniforme national. On a la sensation que, derrière vous, une main vous a doucement replié les ailes.

Ce soir, dans Paris retrouvé, Jean-Pierre marchait sur les boulevards extérieurs. En passant près de la bouche du métro Pigalle, il entendit crier près de lui : « l’Intran ! la Presse ! Paris-Soir ! » Il connaissait cette voix, elle parlait à ses souvenirs. Il se retourna. Il vit la même petite marchande de journaux, avec les mêmes cheveux roux, qui, à la même place, lançait les mêmes mots !

Ainsi, pendant dix-sept mois, il avait traîné son incertaine carcasse de Suez à Panama et de la