polaire à la croix du sud, pourquoi ? Pour se heurter ce soir à cette créature qui, elle, n’avait pas bougé !
Jean-Pierre poursuivit son chemin. La main invisible qui conduit les hommes le mena dans une taverne que d’abord il n’avait pas reconnue.
— Hé ! bonsoir ! Aigues-Mortes ! lui dit-on, que faites-vous par ici ? Vous n’êtes donc plus en voyage ?
Voilà la phrase, se dit Aigues-Mortes. Je la connais ! On me la répète depuis dix ans. Je n’ai plus le droit de marcher sur le sol de mon pays sans que cela paraisse louche !
— Quand repartez-vous ? demanda l’ami.
Le garçon apparut. C’était toujours le même garçon. Un client l’appela. Ce garçon n’avait même pas changé de nom !
— Tiens ! fit le garçon, monsieur d’Aigues-Mortes ! Quand repartez-vous ?
— Adieu ! fit l’homme errant.
Il ralliait la gare Saint-Lazare quand, à l’angle de la rue Saint-Georges et de la rue de Châteaudun, une femme l’arrêta. Il la reconnut. Celle-là non plus n’avait pas quitté son poste. Dix-sept mois auparavant, au même coin de rue, elle le saisissait ainsi par le bras.