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LA CHINE EN FOLIE

sur les coudes. Après tout, ces gens-là avaient le droit de se battre à leur manière. Le cavalier passa devant nous au petit trot. Il continua, puis il revint. Bref ! il ne savait pas où il allait. Il se promenait.

Un obus tomba à deux cents mètres. Chacun le salua. Aussitôt on entendit gémir. Et des corps se traînèrent vers l’arrière.

Quand ces soldats défilaient dans les rues de Moukden ou de Tient-Sin, ils ne ressemblaient qu’à des pouilleux, mais le feu purifie tout. Morts, blessés, vivants, tous avaient bien l’air de soldats aujourd’hui !

Je restai là deux heures. Tout à coup, un grouillement devant nous. Des troupes refluaient. Celles avec qui j’étais se levèrent et partirent aussi. Tout cela, dans un désordre chinois, se dirigeait, ayant perdu l’âme, vers la voie ferrée. Tsang-Tso-lin cédait le terrain.

Je rétrogradai. La masse vaincue m’entraînait dans son vent. Les champs bourdonnaient d’une rumeur haletante. Je pris le temps, comme à mon insu, de me considérer au sein de cette vague jaune. Cela me parut étonnant. Mais ma pensée redescendit vite. J’étais de la vague et, comme les