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LA CHINE EN FOLIE

J’aperçois, en effet, le corps de garde, lance en mains. Le coolie-pousse comprenant subitement où je l’amène tremble des bras, pose les brancards et s’apprête à fuir. Je l’agrippe. Il se remet en marche. Mais le poste n’a pas bon œil. En voyant que nous avançons, il croise la lance. Le coolie-pousse lâche tout, décampe. Quarante minutes plus tard, en sortant de l’audience, je constaterai qu’il n’est pas venu chercher son véhicule. Je ne l’ai donc pas payé. J’y ai gagné vingt cents.

Mon arrivée était guettée de la cour intérieure. Sur un ordre, les lances se relèvent. Je donne ma carte à un Chinois qui s’incline. En Chine, la carte est une chose très honorable. Elle fait partie de votre personne même. On ne conçoit pas davantage un honnête homme sans carte que, chez nous, un citoyen libre sans décoration ! Le serviteur fidèle, à deux crimes au moins, saisit cérémonieusement mon carton, de ses deux mains. Il le coince aux deux coins, entre pouce et index, et, les coudes collés à ses flancs, grave, il me précède comme s’il portait non un bristol de dernière qualité, mais, par les oreilles, la tête de saint Jean-Baptiste.

Je franchis un premier enclos. Dans une deuxième cour, sur un perron, campe une nouvelle garde, douze hommes : dix lances et deux fanions