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le juif errant est arrivé

on n’a pas d’argent et que l’on veut créer un État, il faut d’abord frapper aux coffres-forts. Le baron Hirsch avait consacré des centaines de millions à la détresse des siens. Il avait acheté à leur intention pour cinquante millions de terrains en Argentine. C’était un homme que l’on pouvait embarquer sur sa galère.

Herzl ne représentait rien à l’esprit du baron. C’était seulement un homme jeune qui allait publier un livre. Il vit entrer chez lui non un quémandeur, mais l’ambassadeur des temps prochains. Lorsque le baron, intrigué par une telle allure, commença de discuter avec son hôte : « Inutile de perdre du temps, coupa Herzl, et, frappant sur les épreuves de son livre : Tout est là ! — Et l’argent ? demanda le financier. — Je vais lancer un emprunt national juif de dix milliards de marks, répondit le journaliste. » On assure que Hirsch répliqua : « Rothschild donnera cent sous et les autres Juifs rien du tout. » Le coup des dix milliards avait mis fin à l’entretien. Mais le lendemain, Herzl écrivait à Hirsch : « Je vous aurais montré mes bannières et comment j’entends les déployer. Et si, ironiquement, vous m’aviez demandé : « Un drapeau. Qu’est-ce ? Une loque au bout d’un bâton ? » Je vous aurais répondu : « Non, monsieur,