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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/101

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

pour la deuxième fois, en homme sachant ce qu’on lui doit, lui réclame le prix de la quinzaine ; cette jeune fille est une malheureuse.

Quand une jeune fille a son père au lit, des frères petits, mais qui, tout de même, mangeraient volontiers, une ordonnance à porter chez le pharmacien, mais pas d’argent pour aller retirer les médicaments, cette jeune fille, même en sortant de son travail, est une malheureuse.

Je sais bien que de saintes personnes, dont l’honnêteté est au-dessus de mon éloge, et qui n’ont jamais eu faim, ont trouvé depuis longtemps une solution à ces problèmes. Elles pensent religieusement que la Seine est faite autant pour les petits chats que l’on veut noyer que pour les petites femmes qui ont de la misère.

Elles le pensent et même elles le disent.

Et moi, je dis qu’à ce moment, on sent des calottes frémir au bout de ses doigts.

Quand une jeune fille est bête et qu’elle suit l’enchanteur comme les phoques, tout frétillants de joie, suivent le joueur de castagnettes qui les guide vers l’assommoir, cette jeune fille est une malheureuse.

Quand une jeune fille sans ressource a un enfant, qu’elle l’a toute seule après l’avoir eu à deux, qu’elle préfère le garder plutôt que de lui tordre le