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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

cou, qu’elle le garde, et qu’elle réfléchit après, cette jeune fille est une malheureuse.

Qu’appellent-ils une vicieuse ? Une jeune fille qui fait le métier par amour du métier ? L’amour pour l’amour de l’amour conduit peut-être en enfer, s’il faut en croire la religion catholique ; il ne mène pas sur le trottoir.

Nous n’avons pas d’héroïnes à vous présenter, dans ce monde. Nous débordons complètement des pages de M. Bourget. Le trottoir n’a jamais été l’antichambre des aventures et de la volupté. Il fut et demeure encore, uniquement, le chemin du restaurant.

S’il y a de la volupté ce n’est que par surcroît, au gré de l’humeur, en hommage à l’habileté et, ajouterons-nous, comme une petite revanche de la femme sur la professionnelle. Un sommelier a beau goûter les vins du bout des lèvres, une heure arrive, cependant, où il boit pour son compte.

Une vicieuse est une jeune fille née dans le milieu, ayant l’exemple de la mère ou de la sœur aînée, ne concevant pas, dès l’âge le plus pur, qu’une femme quand elle est grande, puisse gagner sa vie autrement. À douze ans, elle est déjà en circulation clandestine. Ensuite elle descend, un par un, les barreaux de l’échelle. Un jour, elle franchit le dernier, elle met le pied sur le trottoir, elle est normalement arrivée !