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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Voici qui vous savez, dit Armand, poussez-vous qu’on s’assoie !

Ils buvaient du champagne. Ils avaient des mines à manger du rosbif et des habits à croquer des ortolans. Ils parlaient de Montevideo, de Buenos-Aires. L’un habitait le quartier Belgrano :

— C’est Passy là-bas !

Les deux autres étaient à Palermo.

— C’est l’Étoile, là-bas !

Ils parlaient de Rosario, de Santa-Fé, de la Cordillère des Andes, de Mendoza, à la frontière du Chili.

— Où as-tu ta femme ?

— J’ai ma femme à Buenos-Aires, une môme à Mendoza, une autre à Rosario.

Il venait en chercher une quatrième.

— J’ai des dents pour quatre biftecks ! Tu ne vois rien pour moi, dans ton bal, Armand ? Un traînard (fille qui n’appartient à personne), qui aurait de la conduite ?

Ils parlaient de cent pesos comme leur mère, naguère, d’un sou.

Cent pesos : quinze cents francs !

— Ma femme fait cent cinquante pesos par jour. Les deux mômes en font autant. Donne du champagne, eh ! petit !

— Vous revenez tous de Buenos-Aires ?