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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Tout à l’heure j’ai fait la connaissance de mademoiselle Opale. Elle m’a confié qu’elle avait allumé 402 fois la lampe, en une semaine, dans sa casita.

— Opale ? fit Cicéron, à qui ce lot appartient-il ?

— Ah ! dis-je, pas à moi, hélas !

— Je crois bien que c’est à Adrien, fit Victor.

— À cinq pesos l’allumette et à cinquante-deux semaines par an, Adrien n’eût-il que mademoiselle Opale, gagne donc 1.489.510 francs en douze mois !

— Et après ? firent mes compagnons.

Je les regardai comme un lapin regarde un puissant phare d’automobile !

Ou comme une gazelle regarderait un tigre qui lui apporterait une tasse de lait.

Ou comme une colombe déjà plumée, lardée et salée regarderait de ses yeux vides les membres de la Société des Nations qui continueraient de l’appeler un bel oiseau !

Ils m’offrirent un verre de porto pour me remonter.

— Allez-vous mieux ? fit Jean-Philippe, qui était rempli de prévenances.

Je tendis mon verre une nouvelle fois. Ils l’honorèrent. Je bus. J’allai mieux.

— Je ne veux pas de mal à vos multiplications,