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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Ah ! mon oreille, n’êtes-vous plus la fidèle servante de mon entendement ? Vingt-deux demoiselles jouent du violon avec passion, et cela me fait l’effet d’un trio ? C’est à sonner la nuit chez un otorhinologiste !

Les dix-neuf autres musiciennes n’ont pas de colophane à leur archet ! Elles ont beau frotter, jamais de fausses notes. D’ailleurs, leur archet n’est pas pour faire des notes, mais pour faire de l’œil.

Viens avec moi, petit…

Un coup d’archet dans la direction du petit !

Les servantes ne vous apportent jamais le verre tout seul. En le posant sur la table, elles assoient leur misère sur vos genoux. Va-t-on prendre ou va-t-on laisser ? Répondez donc, va-nu-pieds des mers ! Choisissez-vous l’artiste ou la malheureuse qui ne sait même pas jouer du violon sans colophane ? Elles doivent être fatiguées, ne les faites pas trop attendre, elles viennent de loin. De Varsovie. Celle-ci est Française.

— D’où es-tu, toi ?

— D’Angoulême.

Angoulême sur ton coteau
Avec ta belle église en haut !

Voici les rues sentant si fort la colonie, le quai