Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

table, la Polak, sans doute auxiliaire de la police, passait entre les rangs des spectateurs. Elle fouillait les hommes, elle les palpait et, s’ils n’avaient rendu toutes leurs armes, elle les emmenait dans le petit boxe pour procéder, selon la loi, à un second désarmement.

La baraque est encore ici, dans le Matadero (maquis). Et comme des esprits insatisfaits, des ombres, attirées là par la forte odeur du passé, rôdent autour des ruines du Temple.

On y voit, sur la scène, d’un « beuglant », des spectacles qui vous font, selon la nature, ouvrir ou fermer les yeux. La débauche poussée jusque-là devient presque de l’innocence. C’est pourquoi, pour mon compte, j’ai ouvert tout grands mes yeux. Et j’ai tout vu. Qu’ai-je vu ? Ceux qui voudront le savoir n’auront qu’à m’envoyer un mot. Je leur donnerai rendez-vous, aux dames surtout, et je leur raconterai la chose pour rien. Je créerai ainsi, dans le commerce de la librairie, le supplément gratuit et oral. Je dois être un précurseur !…

Voici les bars. Dans les bars la femme vous tombe du ciel, ou rampe à vos pieds. Le ciel est représenté par une estrade élevée près du plafond. Sur cette estrade vingt-deux femmes jouent du violon. Elles jouent toutes à tour de bras ; cependant, je ne distingue que le chant de trois instruments.