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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— On n’y voyait que moi. On aurait dit qu’elles me connaissaient. À ma vue elles filaient sur l’autre bord.

— Et comment jugiez-vous ces demoiselles ?

— Il y en avait de jeunes, et qui n’avaient pas encore eu le temps de pratiquer le mal. Je me souviens d’une petite, seize ans. Elle était cachée dans une bouche d’air. Elle le voulait donc ?

— Celle-ci vous l’avez rembarquée ?

— Vilaine, on me l’aurait certainement laissée. Mais elle était très jolie, alors je ne sais ce qu’elle est devenue. Une belle fille, de bureau en bureau, cela se perd toujours, ici.

— En arrivait-il beaucoup ?

— Quatorze ! une fois, sur un bateau de Marseille, dont neuf clandestines.

— Celles-ci ont été prises et renvoyées ?

— Jamais de la vie ! Les jolies disparurent les premières. Le temps de tourner le dos et je ne les revis plus. Les moins bien durent repartir. Jusqu’à Montevideo seulement. Huit jours après le Mihanovitch les ramenait.

J’en ai trouvé étendues sous des couchettes basses et cachées par une série de seaux hygiéniques. Une brune, je dis une brune parce que je la découvris d’abord par la chevelure, était dans un monte-charge que le personnel avait immobilisé entre deux étages,