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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/190

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Donc, madame, vous montiez sur tous les bateaux.

— Infatigablement.

— Et vous avez sauvé beaucoup de ces malheureuses ?

— Aucune !

— Alors, il y a marché de femmes, mais sans tromperie ?

— Je n’ai pas pénétré les mystères de « ce monde ». Je n’ai pour moi qu’une expérience qui dura des années. Sur cent femmes, quatre-vingt-dix voulaient. Quant aux dix autres, la violence qu’elles subissaient ne pouvait s’appeler qu’une douce violence.

Entre moi et « leur homme » elles ont toujours choisi leur homme.

— Il n’y a là, madame, qu’un penchant naturel. Toutefois, que vous disaient-elles ?

— Elles me disaient : Je sais ce que je viens faire. Ce n’est pas de la morale qu’il me faut, c’est du pain. Occupez-vous plutôt de vos enfants si vous en avez.

— Vous faisiez là un dur métier.

— Elles m’envoyaient au diable !

— Et vous y retourniez ?

— Où donc, monsieur ?

— Sur les bateaux.