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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

ma carrière, encore n’y suis-je pour rien. Il s’agit d’une Polonaise, d’une Polak, comme on dit ici.

Elle avait été envoyée par sa mère, chez son oncle. Depuis trois semaines elle vivait chez ses parents. Des gens que l’on n’aurait osé soupçonner, le bon oncle, la bonne tante, de bons Juifs. Si je n’avais su j’en aurais fait encore des amis de ceux-là !

Des inconnus venaient la voir. Ils la regardaient ! ils la pesaient de l’œil. Ils discutaient avec le bon oncle.

Un jour, la jeune fille crut comprendre qu’à la fin de la semaine on l’enverrait dans un campo. À Santa-Fé.

Elle parla de ce mystère à une voisine.

— Faites attention, lui dit-elle, ils vont vous conduire dans une maison où il n’y a que des femmes pour des hommes.


Le lendemain la tante commença la valise de la nièce.

La petite voulut sortir. Il lui fut répondu qu’une jeune fille de bonne famille ne sortait pas seule. On la boucla.

Alors elle écrivit son nom, son adresse et ces mots : Salve me, sur un morceau de papier. De sa fenêtre, elle guetta la voisine. Elle lui fit un signe,