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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

femme qu’il allait attendre était destinée à l’Ours, cet Ours présentement retenu au campo, à Mendoza. Ni l’Ours ni le Sincère ne connaissaient la jeune voyageuse. C’était un troisième, nommé Bébert, à Paris pour le moment, qui l’avait dénichée, convaincue, expédiée.

Bébert, paraît-il, devait cette femme à son collègue l’Ours.

Cette femme ou une autre.

Une des femmes de ce monsieur l’Ours s’était éprise de Bébert, au commencement de cette année, dans la belle cité d’amour de Buenos-Aires.

D’après les lois inflexibles du Milieu, Bébert n’aurait pas dû écouter la sirène. S’il avait été un homme il eût dit à la chère enfant : « Ma belle, vous êtes « mariée » avec l’Ours, mon collègue. Vous ne serez jamais pour moi qu’une femme respectable. Nous ne tolérons pas les filles parmi nous. Rentrez vos regards brûlants et ne m’obligez pas à vous rappeler au respect de notre monde. Autrement je me verrai contraint de mettre M. l’Ours au courant de votre coupable conduite. »

Mais Bébert était un emballé. Bébert était de ces hommes qui se jettent dans le feu sans prendre garde qu’ils ont un journal dans chaque main ! Bébert était un fou vendant sa peau pour un sourire.

Bébert enleva madame l’Ours.