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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/198

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Ces choses-là se liquident généralement à coups de couteau. Je sais un cadavre que l’on a retiré l’autre mois du Rio de la Plata…

Cette fois voici comment l’incident se régla. L’Ours vint trouver Bébert. Il lui dit :

— Tu m’as pris ma femme, tu me dois un bouquet.

— Je le reconnais, fit Bébert.

— Vu qu’il n’est pas d’un bon rapport de garder une môme contre son cœur, je ne dis plus rien, fit l’Ours. Je demande quinze cents pesos.

Un bouquet c’est toujours des pesos !

Pauvre Bébert ! C’était bien cher !

Il promit de régler tant par quinzaine.

L’Ours répliqua : Tu n’as pas pris ma femme à la quinzaine !

Le marché fut conclu. Ils ne signèrent pas de papiers. Dans ce monde la parole suffit.

Bébert devait encore mille pesos à son ami l’Ours quand il vint le trouver en juin :

— Écoute, j’ai l’occasion de partir en remonte. Si tu exiges tes mille pesos, les voilà, seulement je ne puis plus courir ma chance. Tu es à ton aise. Tu ne vas pas briser ma carrière pour une erreur de jeunesse ! Je t’ai déjà versé cinq cents pesos. Considère-les au titre du tort moral. Pour le tort matériel, je t’ai pris une femme, je te propose de la