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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

soleil de la joie redorerait mes pensées grises.

Ah ! le bel enfant !

Pour l’admirer j’avais pris un abonnement chez un coiffeur d’Esmeralda.

Quand le canfinflero n’est pas devant son café crème, il est chez le coiffeur.

Il ne demande pas à manger. Il ne demande pas à boire. S’il pouvait se faire servir le même café crème pendant une semaine, il n’y manquerait pas. Il n’a besoin de rien que beaux dessus et beaux dessous. Par exemple, il ne saurait sentir remuer ses doigts de pieds que dans la soie. Il n’est toujours posé que légèrement sur les chaises, pour ne pas rider son pantalon. Il arrive qu’un jour le pli de ce pantalon soit mieux fait que le pli de la veille, alors, mon créolo ne s’assoit pas de toute la journée ! Quand sa femme veut l’embrasser : Attention, dit-il, tu vas me chiffonner !

Une cigarette, un peigne, un peu de noir aux yeux, et la vie vous a tout donné !

J’avais donc pris un abonnement chez leur coiffeur.

Le spectacle était si merveilleux que je refusais, ma toilette faite, de quitter mon fauteuil.

— Monsieur, me disait la manucure, c’est fini !

— Recommencez, mademoiselle.

Mes canfinfleros arrivaient. Par les ailes entre