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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

grand, petit. Elle n’en avait jamais vu d’autres ! On prit une barque. Pour la première fois, l’enfant allait sur la mer. Elle eut peur un peu. Quand elle aperçut les quatre cent cinquante émigrants qui grouillaient dans l’entrepont elle s’écria : Il y a tant de monde que ça ?

— Tu croyais peut-être que j’avais commandé un yacht particulier ? lui dit l’homme aux beaux yeux bleus.

Et il la hissa sur la coupée.


Le bateau leva l’ancre pour un voyage de vingt-quatre jours.


On les voyait sur leur pont, au-dessus des émigrants, au-dessous des premières. Elle ne faisait pas de bruit. Il était correct. Pendant qu’il reposait l’après-midi, allongé sur sa chaise de paquebot, elle lui faisait les ongles. Après elle cousait. Elle jouait aussi avec les enfants. On l’avait surnommée : la Galline (Gallina dit le latin : poule). Les enfants qui parlaient selon leur cœur l’appelaient : mamita : petite maman. Ils avaient failli manquer le bateau à Porto. Étaient-ils restés en contemplation devant la magnifique vieille cité qui s’élève comme un cheval se cabre ? Avaient-ils trop bu de vin topaze ? Ils faisaient des signes sur une petite