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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

l’épaule et dites-lui : « Vous, au moins, vous êtes un vrai voyou de cœur ! »

Ils ont commencé jeunes — commencé par ne pas aller à l’école. Ils préféraient la maraude. Le dimanche ils rôdaient le long du marché aux puces où l’on attrape toujours quelque chose. Cela s’appelle « aller en chercher à l’étal ».

On vole une montre, on la revend vingt sous. On est pris, puis relâché : « Agi sans discernement ».

Ils traînassent, mais ils grandissent ; alors l’appétit se développe. Ils volent des pommes de terre, des boîtes de sardines. Cela donne soif : ils volent un litre de vin.

Seize ans ! On sent en soi ses premières forces. C’est pour s’en servir. La nature vient à votre secours : il convient de faire honneur à la nature. Ils décident d’aller « serrer » quelqu’un. Comme ils n’ont pas encore l’habitude du monde, ils sont timides, ils choisissent les quartiers hagards, les terrains vagues.

— C’était un pauvre vieux bonhomme d’ouvrier usé, Nougat — le complice — lui saute au cou. Il n’a que dix-sept ans, il n’est pas très fort ; il le serre mal. Le bonhomme crie. On lui esquinte la