Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

figure. Je fouille les poches, monsieur, je trouve du tabac, des feuilles et sept francs. On ne se rendait pas compte de nos sottises.

Ils sont « donnés ». Ainsi comprennent-ils, dès leurs débuts, que la police n’est pas douée d’une vue surhumaine, mais qu’elle a des amis parmi vos amis. Ils connaissent la Santé.

— Et c’est là que l’on apprend à vivre ! Pourquoi « serrer », vous disent les anciens. Le risque est trop gros. On va en chercher à la tôle, imbécile ! Ce qui veut dire : on fait travailler une femme, innocent ! Ils quittent la Santé en pensant à cette bonne leçon… Ils cherchent. En attendant ils « baluchonnent »[1].

— On est un petit gars qui n’est pas bancal. On regarde les femmes. Elles répondent… Moi, ma première affaire, ce fut une crémière. J’avais dix-sept ans. Elle, trente-deux. Chaque jour elle me donnait un paquet de tabac et deux francs… Moi ce fut avec une grande dinde déjà lancée. J’étais un petit poulet, elle aimait la chair tendre. Elle m’acheta de beaux costumes. Je faisais la loi dans l’appartement. Elle ne sortait jamais sans son chien à gauche et moi à droite. J’étais son frère, qu’elle disait à ses amis ! Vous pensez si la vie était belle !

  1. Voler des objets quand on n’a pas trouvé d’argent.