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Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/68

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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

On y prend goût. Demandez aux épouseurs de dot. C’est la femme qui fait le caftane.

Ces fantaisies durent peu. Ils tombent dans du travail plus courant, prennent une môme qui « rubanne » pour eux. (Rubanner vient de ruban qui signifie trottoir. Seuls les poètes et les caftanes savent créer de jolis mots. Pourquoi l’Académie Française n’a-t-elle reçu, jusqu’ici, que les poètes ?)

Cela ne nourrit pas toujours. Il faut se débrouiller. Trop imberbes pour être bookmakers, ils vont tâter du bonneteau à la sortie des champs de courses. En passant, ils attrapent quelques mois de Petite Roquette. Heureusement une femme leur met déjà quelques sous de côté pendant ce temps-là !

Les voilà de nouveau dehors. Ils sont jeunes, c’est-à-dire susceptibles.

— Pour un rien le cœur se froisse. On se prend de querelle avec un homme, on le balance par la fenêtre. C’est ce que j’ai fait, moi, monsieur Albert, pour mon nouveau malheur. Je ne suis pas mauvais, remarquez, au contraire, je suis bon garçon.

Ils attrapent trois ans de Poissy.

— C’est là, réellement, que l’on s’émancipe. Qu’est-ce qu’on était jusque-là ? Des voyous, des rien-du-tout, des petits maquereautins sans la