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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Italie, Espagne, Pologne, Russie, Allemagne, et quoi encore ? Syrie et pays basque, chaque jour, chaque jour, comme s’il s’agissait de combler un terrain à bâtir, déversant là leur supplément de matériel humain.

Des horizons ont des clochers, d’autres des minarets, d’autres ont des coupoles. Chacun sa religion. Ici des cheminées de bateaux.

Chercheurs d’or ? Ah ! ouiche ! Chercheurs de pesos.

À l’embouchure des fleuves géants, la mer n’est pas jolie. Elle est boueuse. C’est la faute des terres anonymes qui descendent de loin sur le courant des grands rios. Anonymes aussi ces hommes en troupeau, débarquant, grouillant, vivant dans la capitale, non décantée, de la Républica Argentina.

Des hommes, des hommes, des hommes.

Désirs ! sauvages fleurs de la jeunesse et de la santé ; solitude ! fiévreuse maladie des pionniers célibataires ; richesses ! irrésistibles tentatrices du péché qui s’est fait chair, tout cela, tout cela rôdant comme un nuage, dans la cité.

Buenos-Aires !

Tous les matériaux indispensables à la construction d’une immense ville en gésine, débarquant là.

Tous !