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LES COMITADJIS

déjà j’eus l’avantage de vous l’apprendre, sont un véritable pays de cure pour les malheureux frappés de mutisme. Une décoction bien dosée de coins de bois, de fer rougi, de pointes de baïonnette et d’autres herbes ravigorantes, spécialité vraiment locale, manque rarement son but. Si paralysée que soit la langue du patient, on la voit bientôt bouger sous l’effet du médicament. Et le vagabond de chemin de fer, dont peu importe l’identité, réagit exactement comme tous les autres malades traités : à la fin, il parla, lâchant le nom d’un officier de l’armée régulière bulgare.

Ce nom était celui du lieutenant que nous venons d’apercevoir. Il s’agissait, c’est clair, d’une obscure affaire d’espionnage. En tout autre pays, on sait bien comment aurait procédé l’État mis sur la voie d’un pareil crime ; mais rien n’est plus pittoresque que le paysage politique bulgare. On en pourrait difficilement soupçonner les surprenantes découpures.

Le Comité révolutionnaire macédonien décida de régler lui-même l’affaire. Est-il le gouvernement ? l’État ? le roi ? Certainement non ! Il est bien plus que le gouvernement, bien plus que l’État, bien plus que le roi. Et comme je tiens à votre confiance, je vais, sur-le-champ, vous en administrer la preuve.