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LES COMITADJIS

cette table, grasse de tous les fromages et de toutes les bières que l’on y consomma, que le voïvode installe l’évangile, le poignard et le revolver. Décadence ! La cérémonie, en 1893, se déroulait à l’église, le pope officiant ; elle s’expédie aujourd’hui dans ce caboulot, le marchand de pruneaux servant de témoin !

Explorons le labyrinthe.

Là, en flanc-garde, comme un bastion avancé, le bar Phœnix, bar chic, rendez-vous des intellectuels de la conjuration : avocats, journalistes, médecins, voïvodes. Vous pouvez leur serrer la main, eux ne tuent pas ; ordinairement, ils sont tués. Le Phœnix est quelque chose comme le bar-antichambre du cimetière de Sofia. Ces messieurs feraient mieux d’aller boire ailleurs. Mais les consommations y sont de premier choix !

Juste derrière, la rue Ardo.

Dans la rue Ardo est le cinéma Ardo. Il n’est pas public. Les membres du Comité seuls y ont accès. C’est un écran d’entrainement pour terroristes ; une école pour auteurs d’attentat. Les films que l’on y déroule ont pour mission de développer chez le spectateur le goût des armes à feu : scènes de fusillade, échange de balles à dix