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LES COMITADJIS

vée aux abords défendus par ces écriteaux ordinaires : « Piège à loup », « Chien méchant », « Danger de mort ». Cette propriété privée, dont la principale originalité consistait à n’avoir point de domicile connu, s’appelait Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne, autrement dit : ORIM.

L’homme n’est pas un animal équilibré. J’aurais voulu, en arrivant à Sofia, voir briller au balcon d’un bel immeuble une éclatante enseigne lumineuse proclamant : ORIM. Un concierge m’eût aussitôt ouvert la porte. « Faites passer ma carte à ces messieurs les révolutionnaires », eussé-je dit. Le concierge m’eût fait attendre dans un grand salon décoré de poignards, de pistolets. Comme cendriers, des machines infernales. Dans les quatre coins, ou même sur des étagères, tout un choix de bombes. Négligemment posés sur une table, deux albums, l’un portant : « Ceux que nous avons tués » ; l’autre : « Nos prochaines victimes ». Sans attendre plus longtemps, mon introducteur eût soulevé une tenture ; alors, marchant droit et ferme, j’aurais pénétré dans une chambre où, sur une estrade, au fond, trois hommes debout, bardés de cartouchières, m’eussent regardé venir. Au milieu eût été le plus jeune, Ivan Mikaïloff, chef de l’Orim ; à sa droite Stra-