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MARSEILLE, PORTE DU SUD


seé, la vie des marins n’est ni quotidienne, ni hebdomadaire, ni mensuelle. Elle est kilométrique. On dit à terre : tant d’heures. On dit en mer : tant de milles. Nous, gens du sol, nous grignotons chaque jour la même quantité de vie, soit vingt-quatre heures ! Les marins, eux, ne connaissent pas cette mesure : ils mordent dans la vie au hasard de la tranche.

Ils courent de port en port, jetant l’ancre. Ils la remontent et ils se sauvent.

Tantôt sur une ligne, tantôt sur une autre, ils vont pendant trente ans, longeant la terre, comme s’ils étaient chargés de la border pour qu’elle ne s’effiloche pas. Et tous les ports ne semblent être, en fin de compte, que des points d’arrêt dans cet interminable travail que continueront les générations à venir.