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PÊCHEURS DE PERLES

Quinze mille Arabes plongeurs, ses frères fortunés, en défendaient les approches. Lui était fils de la mer Rouge. Le destin n’avait pas voulu qu’il fouillât des bancs riches. Eh bien ! si ingrate que fût sa part, cette part il l’aimait. Dans le golfe, ils étaient soixante, et souvent cent sur les boom[1]. Que restait-il dans la main de chacun après le partage ? Il préférait pour lui tout seul une perle grosse comme l’œil d’un petit lézard que pour cent hommes une perle grosse comme l’œil d’un gros poulet.

Qu’il n’eût pas encore rencontré Ya-Mal, il l’admettait, mais, par Dieu qui seul est Dieu, pourquoi émettre des doutes sur ses chances à venir ? Pourquoi soupçonner sa mère, la mer Rouge, d’être incapable, aussi bien que le golfe, de lui apporter la perle miraculeuse ? Cette idée qu’il avait cru lire en nous, jetait le plus grand désordre dans son indéracinable espérance.

Assis en face de moi, à l’autre bout de la natte, il sortit d’une poche de sa chemise cinq petits morceaux de toile rouge, chacun noué solidement. Il les dénoua, recueillit dans le creux de sa main ce qu’il en retira, et, d’un bout à l’autre de la tanière, le lança fièrement dans ma direction. Des perles roulèrent jusqu’à moi, c’était magnifique !

Somptueuses vitrines de nos joailliers où êtes-

  1. Bateaux perliers du golfe Persique.