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PÊCHEURS DE PERLES

perles. Les plus misérables ne considèrent pas leur métier comme un gagne-pain, mais comme une aventure ! Ils marchent sur la trace des fées et ne courent ni après un bol de riz, ni après un quart de poisson fumé, ni après ces poulets nourris de tiques de pieds de chameaux. À d’autres des régals de cette sorte. À eux les trésors !

Jusqu’ici, Ya-Mal s’était tenue éloignée d’Abdallah Kafir ben Ibrahim. La chance n’avait pas été sa marraine. Il avait fait partie des grandes équipes de la côte de l’Érythrée, après, il avait pêché aux îles Farsans. C’est là, au cours d’une plongée, que son tympan droit avait cédé. Devenu « nakuda », chef de sambouk, on avait pu voir sa voile, pendant toute une saison, le long de la Somalie italienne. Il avait jeté l’ancre sur les bancs de Gardafui. Rien que des petites perles qui se vendent aux Indes et dont le prix était loin de ses rêves. L’année dernière, il était allé entre Zanzibar et Madagascar. La voile que les quatre hommes réparaient revenait de là, non brodée d’or, disait-il. Comme je protestais, admirant sur cette toile des reflets indiscutablement jaunâtres, le nakuda pria de me faire remarquer que ce n’étaient là que des restes du soleil couchant. Pourquoi n’était-il pas allé dans le golfe Persique, d’où, parfois, dans son panier, on remonte la fortune ? Il me fit répondre que, là-bas, c’était un royaume.