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PÊCHEURS DE PERLES

les poulets en leur arrachant la tête) je voulus les défendre, car elles ouvraient encore le bec et les yeux, contre la convoitise des milans affamés. Les milans me regardèrent, me jugèrent et, inclinant leur vol plané, vinrent à mes pieds ravir leur proie.

Voilà ce que l’on devient à Hodeidah !

Et pas un bateau à l’horizon !

Qu’il est difficile de faire le conquistador quand on n’est pas propriétaire d’un yacht !

Les habitants d’Hodeidah se coiffent de préférence d’un pot de fleurs. Ils font penser à des jardiniers en révolte : plus de pots de fleurs dans la terre, mais tous sur la tête ! En avant ! Marche ! Ce sont des hommes extrêmement doux, souriants, heureux, béats. Ils vont lentement, se parlant à eux-mêmes, levant parfois leur petit doigt pour lui faire un discours. J’en voyais qui s’arrêtaient, se couchaient sur le dos, et commençaient de compter les étoiles en plein midi. Les uns se caressaient les tempes avec précaution, d’autres montaient des gammes sur leurs dents, d’autres, s’approchant de moi se touchaient une oreille et, les yeux attentifs à je ne sais quel phénomène, semblaient me dire ; « Écoute ! » Cela se passait