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PÊCHEURS DE PERLES

grande admiration, le jet s’étala au fond du récipient. Je bus. Il recommença de la sorte à deux autres reprises, avec la même surprenante adresse. N’aurait-il pu me donner la même quantité en une seule ration ? C’eût été moins cruel, le liquide n’étant pas du café, mais de la cardamome, et il faut s’y habituer ! Mais je venais de prendre contact avec l’une des coutumes de l’Arabie, où tout se fait trois fois… tout ce qui se fait en public, seulement…

C’est sur les conseils du Plein Pouvoir que je me trouvais à Suez visitant plusieurs fois par jour le marchand de je ne sais au juste quoi. Le Mohatamed avait télégraphié à son roi, le suppliant humblement de m’accorder le droit de polluer son territoire, et la réponse devait arriver dans la boutique du port de tête de la mer Rouge.

— Quatorze heures ! m’avait dit le vieux faible oiseau, et je vous ouvre un monde !

Le monde restait fermé. Il fallut d’autres câbles. Le cinquième jour, la permission royale arriva.

Ce jour-là, trois heures après ma visite au docteur Illisible, je réintégrai mon hôtel. Comme de juste, il s’appelait : Bel-Air !

— Le kamsi[1] s’annonce, me dit un familier

  1. Nom du sirocco en Égypte.