Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/168

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De temps en temps, la nuit, on passe la ligne de chemin de fer et l’on va s’asseoir au bord du golfe d’Aden. Soudain on s’aperçoit que la plage remue. Un bruit, rappelant de très près celui de deux squelettes en exhibition de boxe, monte, s’accentue, s’impose. Des coquillages dansent au clair de la lune ! Ce sont des bernard-l’ermites ! Ces crustacés à cinq pattes ne peuvent rencontrer une coquille sans l’occuper aussitôt. Petits, moyens, gros, tous ont trouvé maison à leur taille. Ils grouillent, s’entre-choquent, donnent l’assaut à vos semelles. C’est terrifiant ! On finit par appeler au secours.

Un beau pays !

Alors les pêcheurs de perles étaient partis. On ne voyait plus la forêt de leurs sambouks dans les eaux de Djibouti. Les juifs d’Aden ne dénouaient plus leurs calicots rouges, place Menelik, pour tenter les navigateurs. Plongeurs et courtiers avaient fui, les uns en Somalie anglaise, les autres en Érythrée italienne.

Un monopole donné à deux colons, un décret pris contre le vent avaient provoqué l’exode.

Le vent, dans ces parages, a des mœurs régulières, il souffle autour de midi. A-t-il raison ? A-t-il tort ? Je ne défends pas le vent. Je le prends