Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/169

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tel qu’il est. Un gouverneur n’eut pas cette bonté. Il interdit aux samboukiers de sortir avant trois heures. Les pêcheurs obéirent, mais le vent ne voulut pas changer ses habitudes. Ils allèrent pêcher ailleurs.

Pour moi, ces décisions proconsulaires cachaient plus de sens qu’elles n’en montraient. Le maître de l’heure avait-il été sans entendre la parole de ces pays : « La perle porte malheur. » Alors il avait regardé autour de lui. Qu’avait-il vu ? Tous les gouverneurs de Djibouti trouvant sur ces anciens rochers la fin de leur carrière, fauchés par la retraite. Encore cet implacable destin n’était-il pas tout. De plus graves constatations s’imposèrent à son esprit. Trois de ses collègues, trois gouverneurs du lieu, MM. Mison, Bonhour et Delteil, s’étaient suicidés. M. Mison n’avait même pas attendu de mettre pied à terre, il avait réglé son affaire d’une balle de revolver sur le bateau qui l’amenait.

N’étaient-ce là que des coïncidences ?

Aujourd’hui, le monopole a été dénoncé, des excuses furent présentées au vent. Dans une crique vaseuse, j’ai vu le premier sambouk chargé de renouer les relations entre la perle et Djibouti. On accrochait la voile au mât, déjà !

Si j’étais gouverneur de la Côte Française des Somalis, je commencerais à réfléchir !…