ture l’ayant rejoint, il se tourna de notre côté, nous bondîmes en arrière. Ce n’était pas un homme. Sa figure avait été mangée par une hyène. On s’enfuit, les lèvres tremblantes.
Vers quatre heures, le Somali chauffeur descendit. On apercevait Zeïla. Il quitta ses souliers, son pantalon, sa veste et s’éloigna. Il fit cent mètres et commença de tâter du pied, cherchant le passage, recouvert par la vase mouvante. Pas un bout de bois indicateur. Pas un indigène en vue. La voiture resterait là. Le Somali marcherait devant nous. Il fallut y aller, de la vase jusqu’aux genoux. Nous portions nos souliers, nos chaussettes et notre pantalon sur la tête.
La vase était ridée et tremblotait comme une gélatine. Le banc à traverser mesurait plus de cent mètres de largeur. Le nègre, traçant la voie, nous enlevait nos craintes, c’était tout de même une sale sensation. Au choix, j’appellerais une autre mort.
Nettoyés, rhabillés, nous entrâmes dans Zeïla.
Cherif Ibrahim avait quelque chose à y faire. J’attendis dehors, près de la maison où il disparut. Il s’évapore quelquefois de la sorte, le cher vieux compagnon. Une fois je le perdis pendant deux longs jours. Puis il revint tout simplement. Serait-il visiteur des enfants assistés de la mer Rouge et du golfe d’Aden ?