Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/178

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ture, et pensera que son fiancé est loin. C’est une idée beaucoup intéressante.

— L’Arabe l’appelle la perle des six morts.

— Oh ! fit l’Anglais, je dois alors l’acheter.

Son indigène commença le marchandage, Djima Rava, se trouvant entre deux concurrents, dit trente-cinq livres. Le fiancé anglais en offrit dix.

— Pourquoi pas six livres, demanda l’Arabe, une livre par mort ?

L’Anglais lui fit dire que sa perle vaudrait trente-cinq livres en Angleterre, mais qu’ici il en donnait douze livres.

L’Arabe descendit à vingt livres, à condition que l’acheteur ajouterait six livres, une livre pour chacune des familles en deuil.

Ils finirent par discuter autant sur le prix de la marchandise que sur celui du souvenir.

L’Anglais irait jusqu’à dix-huit livres en tout, encore faudrait-il que l’Arabe lui remît un écrit disant l’aventure de la perle, et que le pêcheur revenant y ajoutât sa signature.

Il faut être au moins colonial anglais pour avoir de ces idées-là !

Djima Rava ordonna à son serviteur d’aller chercher le naufragé, ce qui prouvait que les parties allaient s’entendre.

Le marché fut conclu à dix-huit livres et l’on ne parla plus des familles des morts.