Des malheureux, des faillis notoires courent tout le jour avec des lots valant deux ou trois laks de roupies, deux ou trois cent mille roupies, bien près de deux et bien près de trois millions. Aucun ne dépose de caution, aucun n’est assermenté. Cercle trop étroit ? Honnêteté ?
Voici… Comment appeler ceux-ci ? Des marieurs de perles. Charges de composer un collier, ils s’en vont à travers Bahrein, comme des poètes cherchant une rime. Ils se feront sûrement écraser un jour, le jour où les voitures, ayant maigri, pénétreront dans ces ruelles. Voyons ! Où donc ont-ils vu, l’autre semaine, une perle qui rimerait richement avec celle qu’ils ont dans la main ? Ayant trouvé, ils se précipitent, on leur montre l’objet. L’imagination est décevante. La perle n’est pas tout à fait du même lait. Ils s’assoient, s’accoudent, posent leur front entre leurs dix doigts. Ils cherchent. Ils ont parfaitement dans la tête la perle qu’il faudrait. La trouveront-ils ? Ils se lèvent et s’en vont doucement, pensifs, torturés, angoissés.
Des intermédiaires, des courtiers, suivent les deux étrangers que nous sommes. Serions-nous des acheteurs ? Ils nous mettent des calicots rouges dans les mains. Il faut les prendre ou c’est la lutte. Je me promène peut-être avec 100.000 francs de perles. Toutes les jolies femmes n’en pourraient dire autant !