Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/239

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— Trente-six ans.

— Que fais-tu ?

Il était porteur d’eau.

Il avait mal au-dessus du cœur ; même quand il travaillait de la main droite, il souffrait du côté gauche. Il se palpait entre le cœur et l’épaule et disait que sa chair était gâtée entre ces deux endroits. Il leva son bras gauche et nous vîmes sur sa figure combien ce mouvement agissait sur sa meurtrissure.

— Et tu as plongé longtemps ?

— Seize ans.

Ses yeux brillèrent.

— J’ai même, un jour, tiré le canon !

Pendant le rôss, les booms ont un petit canon à bord. Peut-être est-ce pour cela qu’on les appelle booms ? Trouve-t-on une belle lou-lou, une vraie de vraie, dans les vingt mille roupies (cent quatre-vingt mille francs), l’équipage fait parler la poudre. Tout le Chati se réjouit (la mer profonde porte seule le nom de golfe Persique, les bancs se nomment Chati). Et tous les plongeurs replongent à perdre haleine.

— Et comment était la perle ?

Le souvenir de ce beau jour le ranima.

— Blanche comme le lait caillé et ronde comme la bouche du petit canon. Nous l’avons bien aimée !