Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/247

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Le jus de cardamome chauffe sur un feu de camp, dans deux cafetières à bec d’aigle. Rhecs, sebs, radifs, tababs s’approchent. Ils se repassent la même petite tasse. L’entrain est général. L’atmosphère n’est pas d’un bagne. Ils rient. Voilà le métier qu’ils aiment. Et ces Persans maudits qui voulaient introduire le scaphandre !

Seh ! Seh (Travaillez ! Travaillez !) crie le nakuda.

Aie ! ya Allah ! (Lui ! ô Dieu !) lance le Jeudi.

La foule répond : Sal ou salam alek ya rasoul Allah ! (Salut sur vous ô envoyé de Dieu !) Les plongeurs enjambent le boom, chevauchent les rames, se laissent glisser le long de la corde. Et là, ils font leur toilette, se lavant le visage, se frottant le corps sous l’eau. Neuf de chaque côté : la grande équipe.

Seh ! Seh !

Ils se pincent le nez et disparaissent.

Le plus émouvant n’est pas quand ils plongent, c’est quand ils remontent. Ils ne reviennent pas verticalement, mais inclinés, en ligne oblique, un flanc appuyé à l’eau, les yeux fermés, le nez pincé. Ce matin, l’eau est turquoise, très claire. On les aperçoit alors qu’ils sont encore immergés.