Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/248

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Aucun mouvement de nage. La corde les tire comme des noyés. Un bruit de soie qu’on déchire. La tête passe la première, une épaule, puis un bras. Leur crâne rasé ruisselle. Chacun se raccroche à la corde avec un air de souffrance. Ils arrachent la pince. Du pouce et de l’index, ils pressent leurs yeux fermés, comme pour en exprimer un mal ; ensuite, ils passent leur main sur leur visage, par-dessus leur tête, comme un chat qui se nettoie quand on attend une visite. Ils soufflent et replongent.

Les voici maintenant sur le bateau. C’est l’heure du repos. Nous nous asseyons au milieu d’eux.

— Demandez-leur s’ils sont fatigués.

Ils rient. Ils ne sont pas fatigués.

Le chahb, le banc, était à douze mètres.

— Qu’éprouvent-ils, quand ils sont en dessous ?

Ils rient. Je n’ai qu’à me pincer le nez une minute cinquante, deux minutes, et je verrai. J’essaye. Au bout de trente-cinq secondes, mon cœur frappe. Je deviens rouge. Je lâche la vanne : je veux, dire que j’ouvre la bouche. Ils rient !

— Ils disent que vous n’avez pas de dispositions.

L’un d’eux appelle un radif, un gars de quatorze ans, qui n’a pas encore plongé. Il lui met l’os sur le nez. Je compte les secondes. Le radif tient une minute vingt. L’équipe le félicite.