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PÊCHEURS DE PERLES

Pendant vingt-quatre ans, tout en combattant autour de lui, Ibn Seoud prépara son avenir. Il créa une armée : les « ikouans ».

Appelés aussi « émigrants d’Allah » ou les « frères », les Ikouans sont les cosaques de l’Arabie. Ils vivent aux points d’eau, comblés de la faveur du maître, entre deux combats, cultivant la terre. L’enfant mâle, de droit, est enfant de troupe. Une armée ? Non ! une horde. Une horde farouche. Le frisson de la terreur ne cesse de vous secouer quand les frères défilent devant vous. Ibn Seoud, au nom de la vertu, n’a-t-il pas fait croire à ces sauvages qu’ils étaient les sabres de Dieu ? Aussi leurs regards sont-ils terrifiants. Quand un ikouan fixe deux minutes, bien en face, une statue de bronze, la statue attrape la jaunisse !

En 1924, Ibn Seoud entra dans la grande histoire. Il forma trois colonnes : la première sur la Transjordanie, la deuxième sur la Mecque, la troisième sur Djeddah.

La Mecque était tombée au pouvoir des démons. La débauche s’y étalait. On fumait aux fenêtres, même dans les rues. Des hommes vêtus de soie et le visage rasé se promenaient mollement deux à deux, au coucher du soleil. De l’alcool à boire entrait dans la ville sur le dos des