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PÊCHEURS DE PERLES

Ya-Mal, proclamait-elle. Et Ya-Mal veut dire : Fortune. Ô Fortune !

Chérif Ibrahim, le compagnon mystérieux et indispensable, ayant traduit Ya-Mal à haute voix, les hommes qui piquaient la voile et Abdallah Kafir, le plongeur, reprirent à la fois : « Ya-Mal ! Ya-Mal ! » et, nous regardant, ils chantèrent. C’était une chanson au ton bouleversant, contenant à la fois de la prière, de la souffrance, de l’espoir, de la ténacité. Ils chantèrent à s’en faire éclater le cœur :

Hamed, donne-moi la grâce
Ta grâce, ô Mohammed !
Je vais plonger.
La veille je n’ai pas
Je n’ai pas fermé l’œil
J’ai dormi, Mohammed, debout comme les moutons.
Je vais plonger.
Puisse mon amour convenir à Dieu,
Mon amour qui est marqué
Comme est zébré le rabibi.[1]
Je vais plonger.
Ô Dieu, je te prie et je te salue !
Donne-moi la fortune
Dieu ! Dieu !
La fortune ! La fortune !

Ainsi, voilà le secret de la vie des pêcheurs de

  1. Poisson de la mer rouge.