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PÊCHEURS DE PERLES

souci. Il mit quatre ou cinq morceaux de calicot rouge dans la poche de son pantalon et, riche ainsi d’un nouveau lot de perles, entouré aussitôt de son escorte de mouches, il partit par le labyrinthe.

Il marchait comme chez lui. Les Arabes semblaient trouver familière sa silhouette. Lui s’arrêtait, leur parlait, et toute sa personne proclamait que rien n’était plus naturel que les choses de ce pays, y compris le climat hors nature, la maigreur inhumaine des chats et le S. O. S. que les chèvres, au lieu de chevroter, lancent nuit et jour à l’entrée du désert !

Il arriva devant un véritable château fort, l’une de ces fantastiques maisons de Djeddah dont on se demande si elles s’élèvent du sol ou d’un rêve extravagant. Celui qui l’avait fait construire aurait pu tout aussi bien concevoir les Pyramides ! Là entra l’homme qui venait d’acheter des perles.

C’était M. Saint John Philby, un Anglais.

Le personnage jouissait d’une renommée retentissante dans cette partie du monde. Et je restai à rêver devant sa forteresse.

En partant pour ces pays, je n’avais, certes, pensé à tout. En tout cas, j’avais négligé l’Angleterre. Elle n’était, à mon idée, ni locataire de la mer Rouge ni propriétaire du golfe Persique. Cela je le croyais parce que j’étais un ignorant,