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PÊCHEURS DE PERLES

place ? Je vous conseille la place, il y a un peu de brise, une fois par mois.

Chérif Ibrahim préféra la compagnie des boyaux. Malamer m’installa un cadre dans le trou noir, une toile tendue sur des bois en X. Je saluai ce représentant de la Providence. Il disparut. Je m’étendis.

C’était une bonne position pour un étudiant en astronomie. Ô pays ! tu as des perles au fond de la mer, des étoiles au fond des cieux, mais tu n’as rien entre les deux ! La nuit s’annonçait sans espoir. En rêve, je voyais des contrées lointaines et magnifiques où, le soir venu, l’homme fatigué s’enfonce dans des draps ; je tendais mes lèvres vers d’imaginaires carafes d’eau fraîche et naturelle, quand des ombres remuèrent à quelques pas : les sicaires aux deux poignards et au fusil s’avançaient sur leurs pieds nus. Ils s’approchèrent de mon cadre et me regardèrent. Peut-être n’avait-on pas le droit de coucher sur les places publiques ? Ou voulaient-ils contrôler mes papiers ? Ils ne me demandaient rien, se contentant de m’examiner avec curiosité. J’étais bien empêché de leur tenir un discours, eux-mêmes comprenaient que leur