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TERRE D’ÉBÈNE

officier désire que je le recueille. Il rentre en France. Où que j’aille, cela lui gagnera du temps. Montez, sous-officier ! Adieu, commandant Févez, mon cher hôte ! Adieu, monsieur Guy ! À vos perches, laptots ! Quatre jours de Niger jusqu’à Mopti reposeront la plante de nos pieds. Après nous filerons tel l’antilope-cheval sur Ouagadougou.

Le chaland glisse. La nuit se prépare. Évidemment je serais mieux sur les boulevards à regarder passer les Parisiennes. Il est vrai qu’alors je ne me rendrais pas compte de mon bonheur ! Consolons-nous dans la nourriture et le pinard.

Où sont les caisses ? Où donc ma langue de bœuf à la sauce tomate ? Où donc mon thon mariné dans son huile bouillante ? Où ma mortadelle que j’étendais sur mon pain comme une belle vaseline rose ? Où donc ce précieux vin, providence des broussards, dans lequel on peut tremper indifféremment sa plume pour écrire ou ses lèvres pour boire ? Et mon fromage de tête de cochon ? Et mon cassoulet aux os de lapin ? Et mes jambons de chien de fourrière ? Tout s’est envolé. La voilà bien la Magie Noire !

Incompréhensible ! Mme Herriot ne buvait que du thé. Mme Paul Morand ne buvait que du thé. Morand buvait comme ces dames. Qu’ont-ils fait de ma boustifaille ?