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TERRE D’ÉBÈNE

— Voyons, leur dis-je, et le nègre ?

— Le nègre ? Que l’administration commence. Pour elle, le nègre n’est jamais fatigué. Il traversera le pays à pied, il maigrira sur les routes, il crèvera à la machine. Pour nous, tout juste si elle ne nous demande pas de le transporter dans un hamac ! Elle le spolie à coups de réquisitions. Vous le savez bien… L’administration dépouille l’indigène ; mais comme l’indigène doit avoir de l’argent pour payer ses impôts, elle nous permet de lui acheter ce qu’elle ne prend pas. Est-ce vrai ? Oui ou non ?

Un silencieux se révéla. Debout, le geste accusateur : « Oui ! qu’elle commence ! cria-t-il. Sur quel texte de loi s’appuie-t-elle pour payer ses poulets avec des poignées de cauris, ce qui fait tout de suite 10 sous, alors que pour nous c’est 10 francs ; pour réquisitionner le beurre, le lait, les peaux de serpents et les peaux de panthère ? Essayez d’acheter une peau de panthère ! Offrez-en 200 francs, le chasseur vous la refusera, il ira la porter au commandant, qui lui donnera 20 francs, et le bougre sera content.

— L’administrateur n’est pas assez payé, dis-je. Ses collègues anglais et belges touchent quatre fois plus, vous ne pouvez lui reprocher de conduire sa maison avec économie.

— Si la République leur permet de faire des