Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
TERRE D’ÉBÈNE

massacre. On ne peut plus passer où ils sont passés. La plaie, c’est les chasseurs d’acajou. Ils esquintent la nature et le nègre. Hache et manigolo !

Là-dessus, l’étrange homme se remit à sa chaise longue.

— Allons ! bonne chance ! père Séri.

Et j’allai prendre le train.


— Vous vous arrêtez au kilomètre 125 ? fit le seul Européen du convoi. Alors vous devrez faire signe au mécanicien pour qu’il ralentisse. Autrement, on descend à Céchi, et il reste encore quatre kilomètres à pied.

C’était un homme petit, en bonne santé, le blanc des yeux plutôt rouge. Il me dit qu’il était chasseur d’acajou.

— On m’espionne, vous savez. On dit : « Muss le prospecteur est parti en forêt. On va le suivre. » Je suis forcé de ruser. Prenez-en de la graine. Il ne faut jamais dire où l’on va. Et vous, tout de suite, vous m’avez dit : « Je vais au kilomètre 125. » Mauvais ! Mauvais ! C’est la lutte ouverte dans ce pays. Le margouillat mange le moustique, le serpent mange le margouillat. La mangouste mange le serpent, le blanc mange le noir. Ayez l’œil ! Avez-vous fait un mauvais coup, vous, dans votre jeunesse ? Êtes-vous en « con-