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TERRE D’ÉBÈNE

Ouanilo, le frère de Behanzin, le dernier roi du Dahomey détrôné, exilé puis pardonné.

Agboli-Agbo tentait pour la deuxième fois un coup d’audace. Il se présentait au peuple en posture royale. L’administrateur, comme lors d’un dernier 14 juillet, allait-il se précipiter sur lui, d’une main l’empoigner par le sein, ongles dans la chair, et de l’autre lui arracher son bonnet, ses sandales, son sceptre et son crachoir ?

Le vieux lion semblait attendre la scène. Elle n’eut pas lieu. Il s’installa au milieu de sa cour, de ses amazones. Ouanilo le regardait comme frappé de stupeur.

L’aboyeur commença. Frère et fils connurent de longs honneurs. Pagnes, éventails, bouteilles de liqueur, objets d’or et d’argent, bœufs, peaux de bêtes, ils offrirent tout cela pour être enterré dans le grand trou où Behanzin allait descendre. Quand le nom de Ouanilo tomba sur la foule, porté par si peu de cadeaux, il fit un si petit bruit que personne ne chercha le fils chéri. Ouanilo baissa la tête.


Dans la maison aux volets clos, Ouanilo et sa femme blanche ne goûtaient pas aux mets que lui envoyaient les anciens sujets de son père. Le couscous, le riz, les œufs mêmes étaient jetés la nuit venue. Son embarras fut grand devant une cale-