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TERRE D’ÉBÈNE

une maison doit devenir utile, on la meuble. On n’équipa pas le pays. Imaginez-vous que M. Antonetti ait dit : « Il faut faire du pain ! » et que les boulangers, n’ayant pas de farine et pour avoir l’air d’obéir, se soient mis à brasser dans le vide ! Pour amener la main-d’œuvre jusqu’à Brazzaville, la seule voie étant d’eau, il eût fallu des bateaux. Pas de bateaux ! De Brazzaville à la tête du chantier, on aurait dû commencer par tracer la route. Au début, pas de route ! C’était une veine ! Du moment que la route était absente, les camions devenaient inutiles ! Quant aux nègres on oublia que ces gens avaient un estomac, quel estomac même ! Pas de dépôt de vivres ! Qu’ils avaient aussi des bronches et que la bronchite guette toujours d’un œil attentif les hommes nus. Pas de couvertures !

M. Antonetti fit remarquer l’état des lieux. Les gérants s’étonnèrent d’une semblable naïveté et répondirent, avec l’assurance que vous donne une vie jusqu’ici tranquille, que tout était bien pour la clientèle.

On attaqua.

Un contrat fut passé avec une compagnie de travaux publics. On lui donnerait huit mille hommes, elles assurerait l’entreprise. Cette compagnie s’appelait les Batignolles.

Du Congo à la Sanga, de la Sanga au Chari on se serait cru dès lors entre la place Clichy et la