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Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/254

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TERRE D’ÉBÈNE

Un squelette en ce moment apparut sur la route, s’aidant d’un long bâton pour avancer.

— Tenez ! regardez celui qui descend, c’est un des miens. Je l’expédie à l’infirmerie de M’Vouti. Il ne survivra pas. C’est déjà un fantôme. Que voulez-vous que j’y fasse ? Pour moi, c’est la méningite. Ils deviennent tous fous.

Mettons que les nègres soient atteints de la maladie de la « machine » ! Nous connaissions la récurrente, le vomito negro, la bilieuse. Entre Pointe-Noire et Brazzaville vient d’éclater la « machinite » ! Ils maigrissent, se dessèchent, perdent la raison et s’affaissent. La pioche semble peser cent kilos dans la main des Saras. Seul le poids de l’instrument égratigne la terre. Eux n’ont plus de force à y joindre ! Des terrassiers ? Non ! Des automates au bout de leur ressort !

Nous avions tous gagné Montzi.

En effet, l’état de la santé publique n’était pas remarquable. Le grand air, ici, sentait l’hôpital. Dans dix sacs on coucha dix Saras chancelants. On accrocha ces sacs à un bâton. On chargea chaque bâton sur l’épaule de deux Loangos. Les moribonds partirent ainsi vers M’Vouti. Ce devoir accompli, on commençait à ouvrir les boîtes de conserves quand le tiraillour se présenta à l’entrée de la case.