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TERRE D’ÉBÈNE

que la coquette sent d’aussi loin qu’elle brille. J’ai souvent rêvé de me faire suivre d’un baquet d’eau et d’un frotteur énergique, et sitôt que j’apercevrais une belle de la saisir au lasso, puis de la plonger dans le liquide et de la faire bouchonner avec conviction.

Eh bien ! chères élégantes d’Europe et d’Amérique, sachez que vous faites un usage quotidien de beurre de karité. Il est, ô délicates ! la base de vos crèmes d’éternelle beauté !


Ah ! les jolis rapports que les blancs entretiennent commercialement avec les noirs ! Nous leur envoyons une camelote insoupçonnable même pour les habitués des anciennes boutiques à deux sous. Cela s’appelle officiellement de la marchandise de traite !

C’est à croire que lorsque nos vieux chapeaux, nos souliers non ressemelables, nos habits vert-de-grisants ont reçu pendant cinq ans pluie et poussière sur les carreaux du Temple, ils partent pour le Soudan. Les voici au marché de Bamako. Rangés avec soin sur les éventaires, ils constituent une hilarante collection. Ici, quatorze galurins mous ou durs. Cinq n’ont plus de bord. Un nègre marchande l’un de ceux-là. Douze francs ! Il l’essaye. C’est un ancien melon. Il fend le feutre